Alors que Lafarge a annoncé avec Holcim la
cession d'une partie de leur activité pour pouvoir mettre en œuvre leur
rapprochement, personne ne semble avoir pris en compte les attentes ou plutôt
les inquiétudes des petits actionnaires français.
Ils se sont exprimés très fortement à la
dernière Assemblée Générale de Lafarge en Juin 2014 en expliquant qu'ils
étaient pour la plupart investis depuis leur PEA; la fusion avec une société
suisse cotée à Zurich obligerait à sortir ces titres de leur PEA, en perdant
leur exonération fiscale sur les dividendes et la plus value réalisée
postérieurement à la fusion (ils seront exonérés jusqu'à la date de la fusion).
Ils ont très clairement exprimé leur mécontentement en précisant au PDG, Bruno Lafont, qu'ils étaient restés pour le soutenir dans les moments difficiles et qu'ils se demandaient s'il n'y avait pas une possibilité de rester investis au travers de leur PEA, pour ne pas avoir à céder leurs titres compte tenu de la fiscalité actuelle en France. Il leur a été répondu que cela n'était pas possible.
Ils ont très clairement exprimé leur mécontentement en précisant au PDG, Bruno Lafont, qu'ils étaient restés pour le soutenir dans les moments difficiles et qu'ils se demandaient s'il n'y avait pas une possibilité de rester investis au travers de leur PEA, pour ne pas avoir à céder leurs titres compte tenu de la fiscalité actuelle en France. Il leur a été répondu que cela n'était pas possible.
Si la fusion se réalise, il y a dès lors une
très forte probabilité que les petits actionnaires de Lafarge cèdent leurs
titres. Les porteurs français ne représentent plus il est vrai que 9% des
actionnaires selon les chiffres que la société nous a récemment communiqué (dont
3% d'étrangers).
Et voilà comment en quelques années et après
une fusion avec une entreprise suisse, disparaissent des actionnaires
individuels de l'actionnariat d'une société et ce alors même qu'ils
représentaient un ancrage historiquement important avec une politique constante
du Président de Lafarge de favoriser l'actionnariat individuel...
Il existe pourtant une possibilité de garder
ces actionnaires individuels dans le nouvel ensemble si plus de 5% des
actionnaires refusent la fusion. Cela obligera la société Holcim- Lafarge à
conserver une société Lafarge cotée à Paris, avec une gouvernance identique à
celle de toute société cotée en France. Cela permettrait notamment aux
actionnaires français de conserver les titres Lafarge dans leur PEA.
Ce schéma n'a jamais été présenté aux actionnaires, ce qui est compréhensible du point de vue du management car ce serait plus lourd à gérer (deux sociétés cotées, à Paris et à Zurich). Néanmoins ce schéma permettrait de garder un ancrage français avec la possibilité, si la fusion ne réussissait pas - plus des 2/3 des fusions transfrontalières sont des échecs.- , de remettre en bourse facilement une partie des actions détenues par la société suisse pour « déboucler » l'opération.
La diversification mondiale et la
complémentarité sont pour certains un atout, mais on peut s'interroger sur l'opportunité
d'une telle opération qui conduira à devenir le plus grand groupe mondial alors
que ce secteur reste industriellement très local.
Il s'agit plus d'une opération financière que d'une opération industrielle poussée probablement par les intérêts de certains actionnaires. De plus, la nouvelle gouvernance sera « à parité », mais comme il y a de nombreux administrateurs étrangers chez Lafarge... les français seront très minoritaires dans le nouveau conseil...
Il s'agit plus d'une opération financière que d'une opération industrielle poussée probablement par les intérêts de certains actionnaires. De plus, la nouvelle gouvernance sera « à parité », mais comme il y a de nombreux administrateurs étrangers chez Lafarge... les français seront très minoritaires dans le nouveau conseil...
Beaucoup d'investisseurs institutionnels et
de chefs d'entreprises se plaignent tous les jours de la faiblesse de
l'actionnariat individuel en France et comme le disaient des actionnaires
individuels en AG en 2014 : « vous nous laissez tomber quand vous
n'avez plus besoin de nous » !
Il suffit que les actionnaires, gestionnaires
d'OPCVM français et institutionnels refusent d'apporter leurs titres à l'OPR
pour permettre aux petits actionnaires français de rester actionnaire de
Lafarge en France. Ne faudrait-il pas se mobiliser pour ce faire ?
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors