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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

30 juin 2014

Quel rôle pour les actionnaires de Vivendi, d’Alstom et de Lafarge ?

Ces trois sociétés françaises ont créé la « surprise » cette année en développant trois stratégies très différentes mais qui aboutissent toutes à la même conclusion : la cession de toute ou partie de leurs activités…

Le Conseil d’Administration de Vivendi (composé d’une majorité d’administrateurs français) a décidé de céder plus de 70% de l’activité sans interroger les actionnaires avec comme objectif « le recentrage », alors qu’une scission aurait eu le mérite de permettre aux actionnaires de décider s’ils souhaitaient apporter leurs titres à la holding de Numéricâble. Il est probable que des questions fiscales ou « d’incentive » ont prévalu alors même que de nombreux actionnaires étaient restés actionnaires depuis de nombreuses années à cause de la structure « holding diversifié » de Vivendi.

Le Conseil d’Administration d’Alstom (composé d’une majorité d’administrateurs étrangers) a quant à lui décidé de céder 70% de l’activité à General Electric après l’accord des actionnaires, la société étant de fait après opération un « petit » acteur dans un secteur très concurrentiel et avec des « joint-venture » avec General Electric où ce dernier aura par construction de par sa taille le poids le plus important… Et les actionnaires qui croyaient aussi à l’intérêt de la diversification dans des métiers cycliques découvrent que ce modèle n’est plus pérenne…

Le Conseil d’Administration de Lafarge (composé d’une majorité d’administrateurs étrangers) a quant à lui accepté de présenter à l’Assemblée Générale des actionnaires l’offre d’Holcim, fusion « entre égaux » qui revient de fait à une absorption de Lafarge par Holcim, le nouveau siège social étant en Suisse et la majorité des administrateurs du nouveau groupe non français. Les actionnaires qui ont soutenu le développement de Lafarge y compris dans ses moments les plus difficiles décideront de cette opération, la nécessité d’une fusion dans ce secteur apparaissant plus comme une démarche de « marketing » qu’une nécessité compte tenu des caractéristiques de ce secteur…

Trois démarches en fait très similaires car dans ces trois opérations, la seule variable qui a présidé à ces décisions est financière et ce quoi qu’en disent les équipes de direction. Il est frappant que la question du sens ou de la « mission » de l’entreprise elle-même disparait pour être remplacée par l’intérêt à court terme de certains actionnaires, la nécessité de diminuer le risque pour … ces mêmes actionnaires. Le projet d’entreprise devient secondaire pour un choix financier qui ne s’impose que parce qu’il n’y a plus d’investisseur de référence et/ou d’investisseurs soutenant le développement d’un projet d’entreprise française sur le long terme. A l’heure où nous prenons conscience des conséquences d’une désindustrialisation accélérée, l’absence d’investisseurs privés ou institutionnels qui auraient pu jouer un rôle de contrepouvoir actionnarial (il est possible de contrôler une société cotée avec moins de 5% du capital…) crée un vide sidéral dans notre espace économique.

Ne nous étonnons pas si dans quelques années nous nous réveillons « groggy » car nos plus beaux fleurons seront devenus la propriété de sociétés étrangères ! Certains argueront qu’un actionnaire minoritaire « ne peut rien faire » et que son seul intérêt est financier. Mais n’est-ce pas une vision de courte vue et qui ne prend pas en compte le fait que les actionnaires minoritaires de ces sociétés sont restés depuis des années contre vents et marées car ils croyaient dans un projet porté par des hommes et des femmes de qualité ?

Etre actionnaire n’est pas uniquement un dû (dividendes, plus-values) mais c’est aussi un devoir de copropriété qui s’assure qu’une stratégie de long terme est mise en place pour permettre à toutes les parties de se développer en passant des alliances qui lui permettent de définir sa propre stratégie en toute indépendance. Il est de notre responsabilité de le rappeler à ceux que nous élisons comme administrateurs car ils ont une obligation d’agir en prenant en compte l’intérêt de la société et des toutes ses parties, y compris pour lui permettre de se développer.

En tant qu’actionnaire minoritaire nous pouvons nous regrouper pour agir en ce sens et il est urgent de le faire si nous ne voulons pas regretter dans quelques années le « paradis perdu » de nos plus belles entreprises.

Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors