De
nombreuses entreprises françaises se sont internationalisées et la plupart avec
succès, notre pays étant aujourd’hui reconnu comme un « terreau »
pour la création et le développement d’entreprises ayant une implantation
mondiale. La gouvernance de ces entreprises s’est profondément modifiée au fil
du temps avec une internationalisation
des Conseil d’Administration et dans certains cas emblématiques des dirigeants
non français. Certains groupes sont présents dans de multiples pays avec pas
plus de 10/15% de leur chiffre d'affaires dans chaque pays, apprennent à gérer des entreprises multiculturelles et
ont parfois un actionnariat très
dispersé, sans actionnaire important permettant « d’ancrer »
l’entreprise dans un pays. Le développement de la téléconférence permet
d’accélérer leur internationalisation avec des équipes de direction qui peuvent
être mondiales, dispersées sur la planète pour être au plus près de leurs marchés,
et pouvoir réagir plus vite dans des phases de développements accélérés ou la
concurrence est très dure.
Ces
entreprises de Multinationale deviennent Supranationales, et ont alors la
liberté de déplacer les centres de production, les centres de recherche, les
équipes les flux financiers voire la
gouvernance en fonction de l’intérêt de l’Entreprise et de toutes ses parties,
sans qu’aucune des parties ne soit en mesure d’avoir un poids prépondérant (
les dirigeants devenant alors les décideurs in fine…).
La
Belgique le vit aujourd’hui avec la
plupart des entreprises qui n’ont plus leur siège social en Belgique ou ont été
rachetées… Quelques prémices apparaissent en France, notamment quand le
Président d’Arcelor Mittal vient voir le
Président de la République qui ne peut trouver d’arguments pour modifier la
décision de fermer des sites présentés comme non rentables…
Le
mouvement semble inexorable et pourtant !
Les
entreprises qui deviennent Supranationales deviennent de facto apatrides. Sans
ancrage actionnarial fort ou sans ancrage dans un pays/une région elles ne
pourront résister à des OPA hostiles car leurs actionnaires ne verront que la
plus value potentielle. Et c’est un mirage de croire que ce statut les
protègerait sur le long terme car les
Etats ne voudront pas défendre des entreprises qui auront joué leur propre jeu
plutôt que celui de la communauté. Les politiques RSE qu’elles auront surement développés
ne contrebalanceront pas les décisions qui auront été prises dans l’intérêt de
l’Entreprise uniquement.
La
question sous jacente est alors une question de gouvernance : quelle
gouvernance pour de telles entreprises ?
Comment les ancrer dans un pays, une région pour qu’elles puissent se
développer et prennent en compte non
seulement leur intérêt, mais aussi celui de la communauté qui leur a permis de
se développer et peut bénéficier des fruits de cette réussite, notamment par le
biais de l’Impôt ?
Cette
question fondamentale est bien l’enjeu d’aujourd’hui pour de nombreuses
entreprises, leurs Conseils
d’Administration et leurs actionnaires.
Actionnaires, qu’en pensez-vous ?
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors