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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

31 août 2011

Quelle gouvernance pour les marchés financiers ?


Alors que la crainte d’un défaut d’un état européen associé à des anticipations de fort ralentissement aux USA et en Europe fait plonger les bourses et crée une défiance de nombreux acteurs, il est stupéfiant de constater le décalage entre l’économie réelle et le monde financier. S’il est vrai que les financiers anticipent (et même parfois anticipent l’anticipation possible…), la brutalité des mouvements et l’accroissement de la volatilité sont amplifiées par une régulation devenue inadaptée aujourd’hui. 

Trois mesures nous paraissent aujourd’hui nécessaires pour « ramener à la raison » autant que faire ce peut les acteurs de la finance qui ne paraissent plus contrôler le bateau qui dérive sans capitaine :

1.     Une modification de la règle de valorisation des actifs financiers. La mise en œuvre du « mark to market » pour l’ensemble des acteurs financiers (qu’ils soient  investisseurs de long terme ou spéculateurs) les amène  mécaniquement à  diminuer leur exposition au risque même s’ils étaient prêts à garder une position sur le long terme. Il est urgent que les régulateurs proposent des règles différentes pour les investisseurs en proposant de ne pas évaluer en « mark to market »  les produits que les investisseurs/banques/assureurs  garderaient 15/20 ans, ce qui leur permettrait de ne pas provisionner à 50/80% ces créances aujourd’hui considérées comme douteuses. Une telle mesure a été appliquée dans les années 1990 pour permettre aux banques européennes de porter les pertes sur le financement immobilier. Elle pourrait être rapidement mise en place pour la Grèce, allégeant de facto le poids du non remboursement et donnant à la Grèce du temps pour rembourser sa dette.

2.     L’interdiction du prêt/emprunt de titres par les dépositaires sans que le propriétaire des titres soit au courant.Ce mécanisme censé favoriser la liquidité joue aujourd’hui contre tous les acteurs non spéculatifs du marché. Il favorise la création de produits toujours plus complexes et le développement de la spéculation car la plupart des banques dépositaires prêtent les titres sans même avertir l’investisseur… La multiplication des produits financiers et l’accélération de la volatilité peut être fortement diminuée si l’activité de prêt/emprunts de titres est fortement réduite. Cette mesure sera fortement contestée par les banques/acteurs de marché qui vivent de la multiplication des produits complexes, mais elle est aujourd’hui incontournable si l’on veut revenir à une finance responsable.

3.     Le rachat par la BCE des places de marché. La privatisation et la multiplication des places de marché au prétexte de favoriser la concurrence fausse aujourd’hui le jeu car de multiples opérations ont lieu hors marché sans transparence. Une nationalisation des places européennes et l’obligation que les transactions aient lieu sur ces marchés permettrait à la BCE de réguler le marché et de le contrôler notamment quand les transactions deviennent anormales (dans le « fast trading » par exemple).

Mais ces mesures nécessaires  amèneront probablement les régulateurs à séparer les différentes activités financières afin de s’assurer que les banques de dépôt ne soient pas mises en risque par de la spéculation, que les sociétés de gestion aient la capacité de refuser des produits de la banque d’investissement et que les banques d’investissement aient les fonds propres nécessaires pour assurer leur pérennité en cas d’accident dans leur stratégies de trading.
Face à la crise actuelle, il est urgent que le  système financier revienne à sa fonction première : servir les besoins de l’économie réelle, fonction bien oubliée par de grands acteurs qui ont plus aujourd’hui comme préoccupation principale celle de faire survivre le modèle qui leur a permis de se développer depuis 30 ans.

 
Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors
Investisseur et Actionnaire