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29 avril 2016

Rémunération de Carlos Goshn, une question centrale de gouvernance

L'Assemblée Générale de Renault a refusé le « say on pay » de Carlos Goshn lors de l'Assemblée Générale des comptes de 2015. Ce vote consultatif a été « entendu » par le Conseil qui a considéré que ce vote consultatif ne l'obligeait qu'à réfléchir pour les années suivantes...

De nombreuses réactions s'en suivirent qu'elles soient de la société « Les actionnaires ont suivi le vote de l’État français » ou d'hommes politiques appelant à plus de régulation dans le domaine des rémunérations des sociétés cotées en France. Il est vrai que ce vote consultatif n'oblige pas les conseils d'administration à suivre le résultat du vote, ce qui entraîne les nombreuses réactions actuelles.

Ce vote n'est en fait que le révélateur d'une mauvaise gouvernance chez Renault, qui a d'ailleurs été dénoncé depuis plusieurs années par de nombreux observateurs. Cette « mauvaise » gouvernance a amené de nombreux actionnaires à s'exprimer contre la rémunération de M. Goshn les deux dernières années, signes précurseurs du vote négatif cette année mais qu'il était facile d'anticiper.

La rémunération de M.Goshn au sein de l'Alliance Renault Nissan (>15 M €) est supérieure à celle des dirigeants de Toyota voire de Volkswagen... Cela étonne pour ne pas dire plus car même si l'Alliance est un succès, la stratégie de Toyota est remarquable et la rémunération de son dirigeant plus compréhensible que celle du dirigeant de l'Alliance.

La société Renault est aujourd'hui confrontée au fait qu'elle n'ait pas respecté les normes en vigueur dans les grands pays de l'OCDE. Même si ce n'est pas de la tricherie organisée comme chez Volkswagen, il est de la responsabilité directe de son PDG s' il y a des erreurs qui amènent à créer un doute sur la neutralité des émissions par les voitures produites par Renault (et Nissan par ailleurs). Il est incompréhensible que le Conseil d'administration ait attribué un package variable à M. Goshn compte tenu des éléments qui ont été publiés dans plusieurs pays et qui font peser un risque sur la société.

Renault rebondit grâce à son plan de « compétitivité », ce qui est un vrai résultat, mais cela implique nécessairement par ailleurs des limitations de salaire voire des « restructurations » qui obligent les dirigeants à ne pas bénéficier de primes si l'ensemble des salariés n'en bénéficient pas parallèlement. L'attribution de primes importantes à son premier dirigeant ne semble pas refléter la politique de rémunération dans l'ensemble de la société.

La question de gouvernance est aujourd'hui dans la centralisation de tous les pouvoirs des deux sociétés dans les mains de son PDG, les deux directeurs généraux délégués n'ayant pas été remplacés depuis leur départ il y a deux ans.  Même si cela peut paraître compréhensible pour certains, les investisseurs craignent, à la lueur de ce qu'ils ont connu par ailleurs, le pouvoir unique qui entraine invariablement une culture du non dit, voire de peur au sein de l'organisation, avec tous les risques intrinsèques que cela comporte.

Par le refus du Say on Pay de Carlos Goshn, les actionnaires ont voulu s'inquiéter auprès de leurs représentants en indiquant très clairement que le Conseil d'administration devait les écouter au risque de créer une défiance grandissante entre les actionnaires et les membres du Conseil.


Olivier de Guerre
PhiTrust