Trois
sociétés du Cac 40 Danone, Bouygues et LVMH ont annoncé qu'elles proposeraient
à leurs actionnaires la nomination de Clara Gaymard (ex-Présidente de General
Electric Europe) à leur Conseil d'Administration; elle détiendrait ainsi quatre mandats d'administrateurs dans des
sociétés cotées françaises étant déjà administrateur de Veolia, sans compter
les autres postes qu'elle occupe par ailleurs au sein d'une fondation familiale
ou du fonds de dotation du fonds d'investissement RAISE.
Il
est vrai que son parcours professionnel son expérience sont très intéressants
pour de grandes entreprises, son passage
dans la fonction publique ou au sein de grandes entreprises comme
General Electric Europe étant à bien des égards remarquable et remarqué. Et
comme toutes les grandes entreprises cotées recherchent des femmes pour
respecter les quotas et la diversité !..
Mais
est-ce bien raisonnable d'accepter quatre mandats d'administrateurs et
probablement très rapidement des mandats dans des comités de ces conseils,
alors que depuis de nombreuses années les administrateurs des grandes sociétés
cotées constatent que leur charge de travail est de plus en plus importante, ne
serait-ce que par le temps nécessaire à bien comprendre les enjeux de
l'entreprise et les dossiers sur lesquels ils doivent se prononcer, et ce sans
parler des documents de plus en plus importants à lire avant les conseils.
Les
codes de gouvernance des grands investisseurs institutionnels recommandent de
limiter le nombre de mandats des administrateurs non exécutifs car ils
constatent que certains « cumulent ces mandats » et n'ont plus
raisonnablement de temps libre pour prendre du recul et accompagner les
entreprises dans lesquelles ils ont un mandat.
Un
mandat d'administrateur demande aujourd'hui du temps et de la disponibilité...
Et cette année les AG de Veolia où C. Gaymard
est administrateur et de Bouygues où elle pourrait être nommée se
tiennent le même jour, le 21 Avril 2016 ! Cela semble incompatible avec la
présence aux Conseils d'administration tenus avant les AG pour prendre
connaissance notamment des questions écrites, voire des réunions avec les
principaux collaborateurs, l'AG étant un moment souvent important pour les
entreprises car les principaux dirigeants vivant à l'étranger sont à Paris ce
jour là...
D'aucuns
nous diront que ces questions d'agenda peuvent être gérées par avance, ce qui
est vrai, mais cela montre bien que trop de mandats d'administrateurs peuvent
nuire à la disponibilité nécessaire notamment pour bien comprendre ces grands
groupes en passant du temps avec leurs équipes pour s'ancrer dans la réalité de
l'entreprise et de ses collaborateurs.
D'autres
nous diront qu'il est difficile de trouver des personnes de cette qualité
aujourd'hui qui soient disponibles... ce que nous avons un peu de peine à
croire si l'on élargit le champ des recherches à toute la France et aux 320
millions d'européens...
Il
est probable que certains grands investisseurs institutionnels ne soutiendront
pas la nomination simultanée de Clara Gaymard à trois nouveaux postes
d'administrateur compte tenu des éléments dont nous avons parlé, et de la
consanguinité que cela institue au sein des grandes entreprises françaises...
Cela sera probablement mal interprété mais reflète bien l'ambiguïté actuelle
entre l'appréhension des principaux dirigeants notamment familiaux sur le rôle
des administrateurs indépendants et celui des grands investisseurs institutionnels
qui d'expérience croient en la nécessaire disponibilité des administrateurs
pour accompagner les entreprises. Et cela est bien dommage !
Olivier de Guerre
PhiTrust