La COP 21 est présente au quotidien dans les
médias, de très nombreuses réunions ont lieu à Paris où entreprises, ONG,
acteurs de la transition énergétique se mobilisent en parallèle des négociations
diplomatiques menées dans le cadre de l'ONU.
Il est très heureux que de nombreuses
entreprises se mobilisent et que notamment les investisseurs financiers
prennent des décisions structurantes pour l'avenir, certaines n'hésitant pas à
désinvestir des énergies fossiles (Divest/Invest movement) et à l'annoncer
publiquement pour bien montrer leur engagement vis à vis de ces objectifs
impératifs de ralentir l'accélération du changement climatique dû à l'activité
humaine.
Paradoxalement, de nombreuses entreprises ou
plutôt de nombreux Conseils d'Administration n'ont pas intégré aujourd'hui dans
leur mode de fonctionnement que la problématique de la transition énergétique,
sujet stratégique pour les entreprises les plus impactantes sur les émissions
de carbone, devenait de fait une question de gouvernance. En effet les
actionnaires sont en droit de s'interroger sur la composition des Conseils
d'Administration et la compétence des administrateurs qui n'ont pas vu ou pas
pu imposer plus tôt des évolutions stratégiques pour anticiper les
investissements ou désinvestissements nécessaires.
Autant Lafarge a été exemplaire pour mettre
en place il y a plus de dix ans un partenariat avec le WWF pour que ce dernier
vérifie les progrès réalisés par Lafarge pour diminuer leurs émissions
polluantes, autant Volkswagen a montré l'incapacité de son Conseil de
surveillance à réaliser que les objectifs de croissance fixés en interne
étaient incompatibles avec la capacité technique de l'entreprise à respecter
les normes environnementales en vigueur aux USA et en Europe...
Ces deux exemples extrêmes montrent bien que
les Conseils d'administration doivent intégrer ces questions de transition
énergétique, d'impact environnemental dans toutes leurs décisions, qu'ils
doivent s'interroger si cela ne remet pas en cause des activités existantes ou
en développement, qu'ils doivent identifier les risques actuels et futurs avec
l'évolution des réglementations et de facto prendre en compte ces risques comme
un enjeu stratégique.
En interrogeant de nombreux dirigeants, dont
l'activité n'est pas en elle même directement source d'enjeu climatique, ils
considèrent ces enjeux comme un risque et non comme un enjeu stratégique. Il
est urgent qu'ils réalisent que ce sont des enjeux stratégiques pour toutes les
entreprises quel que soit leur secteur d'activité et que
l'innovation/l'investissement sont le seul moyen d'anticiper les évolutions de
marché, de produits qui interviendront très rapidement.
A la fin du 19ème siècle de nombreuses
entreprises ont été fermées ou rachetées parce qu’elles n'avaient pas su
anticiper les révolutions industrielles. Nous avions tous les yeux rivés sur la
révolution digitale mais les enjeux liés au climat sont aussi importants voire
plus compte tenu de l'accélération des dérèglements climatiques.
Parallèlement il faudra aussi tirer les
conséquences de décisions financières et uniquement financières prises depuis
10/20 ans par les investisseurs, sociétés de gestion, banques... et ce alors
même que les questions environnementales étaient posées par de nombreuses ONG, mais considérées comme ne relevant pas de leur
responsabilité...
Investisseurs et financiers se réveillent un
peu tard... mais il n'est jamais trop tard !
Olivier de Guerre
PhiTrust