L'été est toujours un moment où il est
possible de relire les mois précédents et notamment les grands sujets de
gouvernance de cette année 2014-2015, avant d'aborder la rentrée. Nous vous
proposons quelques thèmes « forts » qui nous interpellent encore
aujourd'hui :
- Droits de vote double : le ministre des finances français, Emmanuel
Macron s'est fait le chantre des droits de vote multiple fin août à
l'université du MEDEF afin de défendre les entreprises françaises et les
stratégies mises en œuvre par leurs dirigeants et salariés. Mais il n'évoque
pas la prise de contrôle de Lafarge par Holcim sans prime parce que deux
actionnaires avaient le quasi contrôle de la société grâce à leurs droits de
vote double. Personne ne semble non plus s'offusquer que Vincent Bolloré, actionnaire
minoritaire chez VIVENDI, puisse avec des droits de vote double avoir le
contrôle du conseil de surveillance et prendre le contrôle de Canal Plus pour
en faire un instrument de sa stratégie globale en France et en Afrique grâce
aux liquidités disponibles qui n'ont pas été rétrocédées aux actionnaires, alors
que la principale activité du groupe a été vendue sans consulter les
actionnaires... et qu'il réinvestit de nouveau dans des opérateurs
téléphoniques en Italie...
- Rémunération : La
cession d'une partie d'Alstom à General Electric s'est faite à un moment où
l'entreprise était « vacillante » notamment suite aux attaques de la
justice américaine (entrainant une amende de 700 M € payée par Alstom...) liées
à des questions de corruption. Patrick Kron, PDG d'Alstom, touche une indemnité
de départ alors que la société est accusée de corruption et que la stratégie
qu'il a mise en œuvre se révèle un échec. Est-ce justifiable vis à vis des
salariés et des actionnaires ? De même, on apprend que P. Combes négociait
concomitamment son entrée chez Numericable et sa sortie d'Alcatel-Lucent (ce
qui est normal). Mais est-il normal que le conseil d'administration décide
après qu'il ait annoncé son départ une modification des conditions d'octroi des
actions Alcatel-Lucent à 2 ans de présence alors que le plan présenté en
Assemblée Générale des actionnaires prévoyait 3 ans de présence?
- Environnement : La COP 21 agite beaucoup de monde et
pas seulement les politiques, beaucoup d'entreprises mettant en œuvre des
propositions pour montrer qu'elles sont elles-mêmes conscientes des enjeux et de
leur responsabilité. On apprend que les 100 premières entreprises américaines
s'engagent à investir sur plusieurs années 1.400 Milliards de USD, chiffre
énorme... mais ramené à chaque entreprise et à l'investissement qu'elles
comptent réaliser dans les prochaines années, le chiffre en devient presque
ridicule... sans parler des dirigeants d’entreprises qui expriment « en
off » l'idée qu'il n'y a pas de réchauffement climatique ou qu'il n'est
pas si grave et qu'il ne saurait être question de mettre en œuvre de vraies
politiques innovantes qui contribueraient à limiter les effets de leur activité
industrielle ou de services...
Il y va de notre responsabilité
d'actionnaires, que nous réalisions que ce type d'action ou de réaction n'est
pas normal et devrait entraîner une sanction des conseils d'administration qui
laissent faire de telles pratiques. Les conseils d'administration sont élus par
les actionnaires et les Présidents sont donc redevables vis à vis des
actionnaires et des salariés des décisions prises par la direction générale.
Une trop grande proximité met en risque l'entreprise qui pourrait n'être
gouvernée que pour certains intérêts. Il est de la responsabilité des conseils
d'administration d'agir pour l'intérêt de tous et ils devraient remettre leur
mandat en jeu si certaines décisions apparaissent erronées.
Parallèlement, sans actionnaires
actifs, les conseils d'administration ne peuvent agir et beaucoup d'entre eux
pensent encore que ce n'est pas de leur rôle et préfèrent n'être que des
investisseurs financiers. Et pourtant, seuls nous ne pouvons rien, mais
ensemble nous pouvons amener les dirigeants à infléchir leur politique et
prendre les bonnes décisions. Rejoignez nous !
Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors