Lafarge,
Alstom… deux grandes entreprises françaises qui cherchent à évoluer en prenant
en compte les enjeux stratégiques qu’elles perçoivent avec deux réponses
différentes mais qui toutes les deux amèneront les centres de décision à
quitter la France.
La
question de la gouvernance devient soudainement un enjeu majeur pour ceux qui
considèrent qu’il ne faut pas voir nos plus belles entreprises être rachetées
car nous risquerions de perdre le pouvoir (Arcelor) ou de les voir disparaitre
(Pechiney).
Chez
nos voisins, le Royaume Uni a depuis longtemps laissé le marché jouer son rôle
ce qui a eu pour effet de voir par exemple, les constructeurs automobiles britanniques
être rachetés les uns après les autres pour « renaître » en étant
contrôlés par des étrangers et redevenant un très important fabricant de
voitures.
En
Allemagne, les structures avec Conseil de Surveillance où participent
activement les salariés ont permis de garder un très fort contrôle actionnarial
des grandes entreprises devenues multinationales. Deux modèles de croissance
différente, deux logiques opposées et la France oscille depuis de nombreuses
années entre ces deux logiques en réagissant mais le plus souvent avec retard
ou trop tard.
Le
plus frappant chez Lafarge et Alstom est en fait la composition du Conseil
d’Administration qui est majoritairement composé de personnalités reconnues
mais non françaises. Il n’est pas étonnant alors de les voir privilégier des
opérations transfrontalières, avec une optique mondialisée, ce qui serait
beaucoup plus difficile à proposer à un Conseil très majoritairement français
(comme c’est le cas des Conseils de Surveillance en Allemagne).
S’oppose
alors la notion de compétence des membres du Conseil d’Administration pour des
sociétés très internationales à celle de la nationalité : doit-on avoir
des conseils composés de membres majoritairement étrangers si la société est
très internationale avec une majorité d’actionnaires étrangers ? et si
oui, comment « protège »-t-on ces entreprises d’une éventuelle
délocalisation des centres de décision ?
La
réponse est probablement dans la question, et il ne serait pas illogique de
voir certains proposer que les plus grandes entreprises françaises aient un
Conseil composé d’administrateurs majoritairement français, pour s’assurer
d’une gouvernance française. Beaucoup s’insurgeront de cette nouvelle forme de
« protectionnisme » tandis que d’autres revendiqueront que ce n’est
pas être naïf alors même que certains pays européens trouvent diverses manières
de « protéger » les entreprises.
Et
la gouvernance ou plutôt la composition des Conseils d’Administration des
sociétés cotées avec un capital très dilué risque de redevenir un enjeu
politique !
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors
Président de PhiTrust Active Investors