N’est-ce pas paradoxal de se poser la
question alors que depuis 10 ans les investisseurs ont réussi à imprégner très
fortement les grandes entreprises européennes de ce concept, et ce alors même que ce n’était pas
gagné ?
Mais la crise est là, et depuis 2008 nous
voyons de nombreuses entreprises faire évoluer leur discours au prétexte qu’il
faut réagir plus vite à la crise. Ainsi, en France, dans une très forte majorité de
sociétés les pouvoirs sont unifiés (PDG) alors que les investisseurs sont pour
la plupart convaincus des bienfaits de la séparation des fonctions (le
Président ne pouvant assurer un rôle de représentation des actionnaires, de
mise en œuvre de la stratégie et de contrôle de son exécution…).
Paradoxalement de nombreux investisseurs semblent moins enclins à s’assurer d’une
meilleure gouvernance des sociétés cotées bien qu'ils soient conscients des
risques liés à la réunification des fonctions soit par dérive autoritaire (ex. Renault
avec la révocation des DG en France et au Japon en 2013…), soit par manque de
contrôle des opérations (Société
Générale…) ou même par manque de
stratégie pérenne ( Carrefour jusqu’en 2012, Accor depuis de nombreuses
années…). La liste des interrogations stratégiques liées à des questions de
gouvernance est longue et montre bien la nécessité d’un contrôle plus important
des actionnaires sur les décisions du Conseil d’administration.
Et c’est bien là l’enjeu de la séparation des
pouvoirs. Bien peu de Présidents de sociétés (qu’ils soient exécutifs ou non
exécutifs) considèrent qu’il est important de rencontrer eux-mêmes tous leurs actionnaires. La désintermédiation des métiers financiers
les amène naturellement à se rapprocher
des intermédiaires (gestionnaires d’actifs, assureurs, fonds de pension…) et
plus rarement de leurs actionnaires finaux, certains considérant que les clubs
d’actionnaires sont nécessaires mais relativement peu importants, confiant leur
animation à leurs collaborateurs.
Les actionnaires quant à eux sont aussi peu
nombreux à s’intéresser de près aux
entreprises dans lesquels ils investissent directement ou indirectement… ce qui crée de facto un vide et amène nos
dirigeants d’entreprise à ne voir que des investisseurs
« financiers » dans leur capital et non des actionnaires prêts à
soutenir le développement de leur entreprise.
Nous sommes convaincus que les Présidents de
sociétés cotées doivent passer du temps à aller rencontrer des actionnaires
pour les convaincre d’investir et de soutenir l’entreprise, que cela n’est pas
compatible avec la direction opérationnelle car il faut du temps pour ces
rencontres… et que Présider une société c’est aussi animer le conseil et contrôler
l’exécution de la stratégie.
Toutes ces raisons nous amènent à continuer à
prôner la séparation des pouvoirs dans les grandes sociétés cotées et nous
espérons que vous serez nombreux à nous soutenir pour donner
à nos meilleures sociétés tous les atouts pour leur croissance.
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust
Active Investors