A l’heure où nous constatons une diminution de la détention des particuliers français dans le capital des sociétés cotées françaises (en dessous des 30% …), ressurgit un groupe de travail avec l’AMF qui va essayer de proposer des aménagements juridiques pour « protéger nos sociétés de prises de contrôle rampante ».
Le rapport Poupart-Lafarge
de l’été dernier serait-il déjà enterré ? Il est vrai que les
investisseurs avaient eu un mal fou à avoir voix au chapitre, les seules ayant
pu faire valoir leurs demandes étant les entreprises ... qui ne sont pas
réellement à l’écoute de leurs actionnaires (comme si ceux-ci ne devaient être
que des financiers et non des actionnaires copropriétaires).
Comment s’étonner du
peu d’intérêt des français pour l’investissement en actions alors que depuis
plus de 30 ans l’investissement en obligations d’Etat et en livret A (voir les
mesures récentes à ce sujet) sont systématiquement encouragés, alors que la fiscalité sur l’investissement en
actions est dissuasive comparée à celle de l’immobilier ou de l’investissement
en œuvres d’art ( non imposée…), alors que le seul fonds de pension existant aujourd’hui
est celui des fonctionnaires (PREFON) et est interdit aux salariés des entreprises,
alors que l’entreprise est décriée car elle ne recherche que le profit…
Comment peut-on croire
que les investisseurs internationaux investiront dans des entreprises ne respectant
pas les standards de gouvernance unanimement approuvés au prétexte qu’elles
sont françaises et qu’elles ont droit à une règlementation particulière ?
Nos entreprises ont
besoin d’actionnaires de long terme français et internationaux. Cela nécessite de
vrais changements législatifs pour favoriser l’investissement des français en
actions et une gouvernance de qualité la
plus élevée possible pour attirer les investisseurs internationaux. S’il est nécessaire de faire des aménagements
pour tenir compte d’une situation particulière, il est fondamental que cela se
fasse en accord avec les investisseurs pour prendre en compte leurs attentes et
sans modifier fondamentalement les règles de base de notre système juridique
qui est aujourd’hui reconnu comme l’un des plus respectueux du droit des
actionnaires dans le monde.
A vouloir oublier ces
deux principes de base, nous risquons de devoir pleurer dans quelques années
car nous n’aurons plus d’actionnaires de long terme et quasiment pas de français.
Est-ce bien ce que nous voulons ?
Olivier de Guerre, président de PhiTrust Active Investors