Quel étonnement de voir des actionnaires
refuser de voter pour les rémunérations de certains dirigeants aux États Unis,
alors même que tout le monde pensait que les actionnaires minoritaires ne s’intéressaient
pas aux Assemblées Générales et à la politique de vote des sociétés dans
lesquelles ils étaient investis !
Mais quelle surprise de voir la rémunération
du PDG de JP Morgan votée massivement alors même que la banque venait d'annoncer
des pertes supérieures à 2 milliards $ à
cause de positions sous jacentes d’environ 100 milliards $ !
Entre ces deux attitudes contradictoires, une
réalité s’impose aux actionnaires: ils ont "recalé" les rémunérations
des dirigeants quand les entreprises affichaient de mauvais résultats (sans d’ailleurs
que cela ne limite la rémunération des dirigeants...). Et une contrainte s'impose
aux mêmes actionnaires: le temps... La plupart des actionnaires de JP Morgan
avaient voté avant l'annonce de la perte... annonce probablement repoussée
(compte tenu de la date de sinistralité) pour ne pas risquer d'avoir des votes
de défiance...
Mais malgré ces contradictions, les mauvaises
évolutions boursières suite à la crise amènent (enfin !) des actionnaires
minoritaires à s’interroger sur certaines pratiques et sur le rôle des Conseils
d’Administration qui ne sanctionnent pas ou peu les dirigeants lorsque les
objectifs ne sont pas atteints, créant ce mouvement de défiance, la
rémunération étant de fait le premier niveau de sanction en cas de
contreperformance.
Mais les pertes de la banque JP Morgan posent
une question beaucoup plus fondamentale pour les actionnaires minoritaires et
les régulateurs des pays développés. JP Morgan est une banque qualifiée
« d’universelle » intervenant mondialement sur tous les marchés et
sur tous les compartiments d’une banque, du retail (banque de détail) à la
banque d’affaires. Elle est reconnue pour sa compétence et son savoir faire
dans la maitrise de ses risques et notamment ceux de trading.
La banque a reconnu ne pas avoir maitrisé son
exposition (100 milliards $...) et les risques associés. Hors après les pertes de
trading de certaines banques dont la Société Générale, toutes les banques ont
renforcé leurs dispositifs de contrôle interne y compris JP Morgan … dispositif
qui n’a pas pu ou su détecter les risques liés à une telle exposition !
Soit ils étaient au courant de la position, soit ils ne savaient pas la
contrôler… Quelle qu'en soit la raison, cela milite pour une séparation des
métiers de trading et de banque d’affaires de l’activité de banque de dépôt pour
ne pas mettre en risque l’activité de banque de détail.
C’était l’objet de notre résolution présentée
à l'Assemblée des actionnaires de la
Société Générale du 22 mai; 24,75% des actionnaires l'ont soutenue.
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors