Alors que l’Assemblée Générale de la société Carrefour (un peu houleuse) se terminait, le Président du Conseil d’administration a informé les actionnaires qu’il se retirait de la Présidence de la société et que les fonctions de Président et de Directeur Général allaient être confiées au directeur général, M. Lars Olofsson. Ultime épisode d’un roman digne des meilleures histoires d’entreprise où depuis la mort du PDG M. Paul Louis Halley et la décision des familles fondatrices de ne pas renouveler leur pacte d’actionnaires, les actionnaires ont assisté aux évènements successifs sans réagir, notamment lorsque deux actionnaires minoritaires, le groupe Arnault et Colony Capital prenaient le contrôle de l’entreprise avec moins de 10% du capital.
Alors que la crise frappait le groupe Carrefour, les virages stratégiques et les équipes dirigeantes se sont succédé, avec une impression de décisions purement financières compte tenu des incertitudes pesant sur les stratégies mises en œuvre successivement : il y a deux ans était évoqué la cession des filiales non stratégiques (Brésil et Chine) et aujourd’hui le Brésil devient un enjeu stratégique …
Ces évènements qui mettent en difficulté l’un des fleurons de notre histoire entrepreneuriale récente montre bien, s’il en était besoin, la difficulté d’une évolution capitalistique quand le Conseil d’Administration n’a pas la légitimité d’accompagner l’évolution de la gouvernance. Et c’est bien d’une crise de gouvernance dont nous parlons depuis plusieurs années chez Carrefour. Crise qui s’est révélée peu à peu depuis plusieurs années et qui a montré l’incapacité du Conseil d’administration à mettre en œuvre une stratégie claire avec une vision de moyen/long terme.
La multiplicité des actionnaires minoritaires dans le capital de Carrefour rend difficile l’émergence d’un regroupement d’actionnaires qui aurait permis de contrebalancer des décisions prises avec une vision financière par des actionnaires ayant peu d’expérience de la grande distribution.
Cela nous interpelle sur la capacité des actionnaires qu'ils soient institutionnels ou particuliers, à soutenir une direction générale fragilisée par un actionnaire minoritaire décidé à prendre le contrôle rampant de la société. Or, les administrateurs sont élus par les actionnaires et ils auraient pu et pourraient aujourd’hui voter contre l’élection ou le renouvellement de certains administrateurs qui ne représenteraient pas l’intérêt de tous les actionnaires. Bien peu d’investisseurs osent aujourd’hui voter contre un administrateur en Assemblée Générale, alors que c’est là que se constitue le Conseil d’administration, souverain dans ses décisions.
De toute évidence, Carrefour a besoin d’un nouveau Conseil d’Administration capable d’accompagner son développement. La solution viendrait-elle d'actionnaires brésiliens s’ils deviennent les principaux actionnaires de Carrefour?
Phitrust Active Investors
Investisseur et Actionnaire