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Depuis plus de dix ans, nous croyons que l’éthique du management et la gouvernance ont un rôle fondamental au sein des entreprises dans lesquelles nous investissons pour le compte de nos clients.
Face aux défis immenses de la crise que nous vivons aujourd’hui, nous sommes de plus en plus convaincus que nos entreprises cotées en Europe ont besoin d’actionnaires minoritaires actifs qui les aident à développer des stratégies innovantes pour répondre aux enjeux financiers, commerciaux et sociaux de notre monde actuel, et nous essayons d’y contribuer par notre stratégie d’investissement.

30 septembre 2013

Pour protéger nos entreprises, ne nous trompons pas de combat !

A l'occasion de débats parlementaires surgissent deux propositions du gouvernement visant a protéger les entreprises françaises: un droit préférentiel d'achat pour les salariés en cas de cession de l'entreprise et la généralisation des droits de voute double. Même si l'intention est louable, ces deux mesures montrent combien, en France, l'on privilégie des mesures apparemment simples pour rater l'objectif recherché. 

Nous savons tous que la préférence pour les salariés en cas de rachat est utopique car elle sera in fine peu utilisée, compte tenu du manque de capitaux long terme en France (nos hommes politiques de droite et de gauche ayant systématiquement refusé en France de proposer des mesures permettant une épargne longue investie en actions). Pire... une telle mesure va complexifier un peu plus le droit des entreprises et risque d'amener de nombreuses entreprises étrangères à privilégier pour leurs investissements des pays d'Europe n'ayant pas de telles contraintes...

De la même façon la généralisation du droit de vote double va permettre à ceux qui ne veulent pas payer le prix d'une société de la contrôler avec un faible pourcentage comme cela est le cas chez St Gobain, Accor, Carrefour, Vivendi... pour ne citer que certaines affaires ayant fait la une de la presse ces dernières années. Depuis de nombreuses années nous expliquons sans succès aux dirigeants des plus grandes entreprises françaises qu'un petit investisseur minoritaire ne reste pas actionnaire d'une entreprise pour les droits de vote double... sauf... si cela lui permet de contrôler l'entreprise... Il vaut mieux des dividendes majorés en cas de détention à long terme seul instrument capable de motiver une détention plus longue de tous les actionnaires.

Pour une fois où politique et dirigeants d'entreprise se trouvent une raison commune de promouvoir ensemble une réforme visant à protéger le capital de nos entreprises, ils privilégient des mesures apparemment simples mais sans réelle portée. Et ce alors que deux mesures évidentes pourraient être mises en oeuvre pour que de nombreux français redeviennent actionnaires de nos entreprises:
Il est absurde que la détention d'actions en direct soit assujettie à l'ISF et à l'impot sur les revenus, sur la plus value et à la CSG, alors que la détention d'oeuvres d'art ou de vieilles voitures en est totalement exonérée !   Quel choix feriez vous si vous aviez des liquidités à investir ? 

Il est absurde que les fonctionnaires puissent déduire de leur revenu imposable les cotisations PREFON ( fonds de pension réservé aux fonctionnaires et apparentés) alors que les salariés du privé n'ont pas les mêmes possibilités de déduction, le système de retraite par capitalisation leur étant interdit...

Exonérer d'IR, d'ISF et de CSG, toute détention d'actions françaises en direct pour tout investisseur ou salarié qui les détiendrait plus de 8 ou 10 ans permettrait d'orienter une masse très importante de capitaux privés vers les entreprises et de recréer progressivement un actionnariat de masse qui nous manque cruellement aujourd'hui.

Permettre aux salariés des entreprises de cotiser à des retraites par capitalisation et de déduire les mêmes montants de leur IR que les fonctionnaires si ces montants sont investis en actions inciterait de nombreux salariés à accroitre leur participation dans leurs entreprises et créer ainsi un véritable actionnariat salarié qui s'est fort peu développé, faute d'une volonté politique de privilégier ce type d'actionnariat.

Ces deux mesures auraient sur le long terme une portée bien plus importante que les "mesurettes" aujourd'hui discutées au Parlement et seraient un vrai signal politique d'une volonté de reconstituer un socle d'actionnaires privés en France, un des plus surs moyens de protéger nos entreprises en renforcant leurs fonds propres pour qu'elles investissent en France et recréent, de ce fait, une dynamique positive de créations d'emplois.

Mais cela implique aussi d'accepter que l'Etat, les Institutions et les syndicats ne peuvent, à eux seuls, être un bouclier pour protéger nos entreprises et que la diabolisation des actionnaires associée à des choix fiscaux discriminants sont autrement plus efficaces pour fragiliser nos entreprises qui au contraire ne demanderaient qu'à pouvoir se développer sereinement dans un environnement législatif et fiscal stable. Messieurs les politiques, ne nous trompons pas de combat !

Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors