En cette fin d’année 2012, il est un sujet dont les médias parlent peu et qui pourtant est un révélateur d’une transformation en profondeur des pratiques managériales des groupes internationaux à l’aune de la crise de défiance vis-à-vis des grandes entreprises et de leur dirigeants qui s’est développée en France depuis le début de l’été (rappelez vous « l’affaire Peugeot »).
Les médias
se font aujourd’hui l’écho de nombreux
départs de personnalités comme celle de Gérard Depardieu, ou celles
d’entrepreneurs emblématiques comme Alain Afflelou (qui ne bouge que parce que
son actionnaire le demande…) mais
bizarrement personne aujourd’hui ne
parle des départs de dirigeants de grands groupes mondiaux établis en France.
Il ne s’agit pas le plus souvent de dirigeants connus médiatiquement comme les PDG du CAC 40, mais de dirigeants
exécutifs ou non exécutifs, le plus
souvent non français, salariés de multinationales françaises et voyageant de
nombreux mois à l’étranger, de façon d’ailleurs peu raisonnable pour leur santé
et leur vie familiale.
Comment croire que Schneider Electric est encore
une société française si ses actionnaires, ses salariés, ses clients et bientôt
son PDG ne sont pas en France ?
Comment croire que des dirigeants non français,
habitant en France mais voyageant les
3/4 de leur temps resteront avec leur famille dans un pays en crise où ils ne
sont pas les bienvenus et où leur imposition personnelle est très lourde par
rapport à d’autres pays même
limitrophes ?
Comment croire que nos entreprises continueront à
avoir un prisme vers l’investissement en France, vers le soutien aux
universités, vers le développement de nouveaux métiers si leurs dirigeants ne
sont plus en France ?
Certains m’objecteront que ces entreprises n’ont
finalement de français que le nom ou la cotation, qu’elles n’ont plus qu’une
faible part de leur activité en France et que surtout elles ne payent quasiment
pas d’impôts… ce qui ne pousse pas à leur aménager un environnement spécifique…
Mais ils
oublient aussi que ces entreprises sont le moteur de nos PME, que si les
donneurs d’ordre ne sont plus en France, nos PME devront aussi délocaliser leur
management pour être au plus près des décideurs… et que ce mouvement s’il s’amplifie
est la première étape d’une perte de contrôle de nos plus belles entreprises et
sans dirigeants ancrés sur le territoire français, nous risquons de voir de
très nombreuses PME se délocaliser…
L’urgence aujourd’hui est l’emploi pour permettre à
nos concitoyens de retrouver un travail. Sans entreprises privées, sans
dirigeants, sans entrepreneurs, il sera très difficile voire impossible de
retrouver une dynamique positive et les grandes entreprises sont fondamentales pour ce faire, ce qui exige que
nous changions très vite de discours et de politique fiscale, au risque de ne
jamais pouvoir rebondir car nous aurons perdu nos plus beaux fleurons.
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors
olivier.deguerre@phitrust.com