Depuis
plusieurs années, nous ne cessons d’alerter les dirigeants d’entreprise sur le
risque d’une intervention de l’Etat qui mettrait un cadre plus exigeant sur les
rémunérations fixes et variables, voire un plafonnement, compte tenu de
certaines dérives critiquées régulièrement par les parties prenantes et les
médias. Nous avons essayé en vain de proposer que les rémunérations soient
soumises au vote en Assemblée Générale chaque année dans le cadre des conventions
réglementées comme le sont aujourd’hui les indemnités de départ ou les régimes
de retraite, en expliquant qu’une intervention de l’Etat aurait des effets
négatifs sur la bonne gouvernance des entreprises.
Malheureusement,
la plupart des dirigeants nous ont expliqué en « one to one » qu’ils
étaient d’accord avec nos propositions mais qu’ils ne pouvaient les mettre en œuvre seuls si ce n’était pas
une obligation règlementaire ou une décision collective des entreprises
concernées !
Dans
tous les pays développés la question des rémunérations « non
justifiées » a pris le pas sur tout autre considération alors même que
d’une entreprise à une autre la situation sectorielle, le développement d’une
entreprise, ses difficultés peuvent amener le Conseil d’Administration à
proposer une rémunération qui prenne en compte la « performance » des
dirigeants concernés.
Il
faut dire que régulièrement certains « abus » pour ne pas dire autre
chose défraient avec justesse la chronique amenant l’ensemble des parties prenantes
à s’interroger sur les mécanismes qui créent cette surenchère et remettent en
cause la légitimité des dirigeants et des Conseils d’Administration
« incapables » de gérer cette question hypersensible…
En
tant qu’actionnaire, nous sommes concernés par cette évolution de la
législation car elle montre que les Etats sont aujourd’hui prêts à réguler sur
un sujet qui relève de la compétence des Conseils d’Administration et/ou de
l’Assemblée Générale (selon les pays). Mais l’encadrement des rémunérations des
dirigeants par le législateur ne peut pas être une solution car elle met en
exergue l’incapacité des actionnaires (qui sont pour la plupart favorables à une
modération salariale pour les dirigeants) à se faire entendre en Assemblée
Générale.
En
tant qu’actionnaire, ne devons nous pas « enfin » exercer notre
responsabilité et obtenir des administrateurs censés nous représenter de
proposer au Conseil d’Administration de mettre au vote en Assemblée Générale les
rémunérations des dirigeants afin d’éviter que l’Etat ne décide à notre place, ou
est ce trop tard ?
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors