La
nouvelle crise bancaire européenne amène de nombreux observateurs à
s’interroger sur le modèle de banque universelle notamment développé par les
banques françaises avec succès.
Cette
question parait saugrenue pour beaucoup de banquiers et financiers car elle a
permis de développer une approche diversifiée des risques en permettant à
chaque branche de s’appuyer sur les forces des autres : ainsi les banques
de marché et de financement ont pu se financer sur la base fiable et peu
coûteuse de dépôts de leur banque de détail, ont pu vendre des produits
structurés aux équipes de gestion d’actifs ; mais les banques ont pu aussi
développer une nouvelle approche de leur métier auprès des entreprises en
développant de nombreux produits spécifiques pour les entreprises.
La
crise met en effet en exergue le risque systémique qu’engendrerait aujourd’hui
la faillite d’un établissement bancaire de premier plan, car elle induirait une
secousse probablement supérieure à celle provoquée par la chute de Lehman
Brothers, ce qui ne peut qu’amener les régulateurs à exiger soit un
renforcement des fonds propres des banques, soit des cessions partielles
d’activités pour répondre aux exigences règlementaires ce que viennent de décider certaines d’entre
elles).
Mais
il est d’autres arguments qui militent
pour la séparation des métiers bancaires :
- Le risque de conflit d’intérêts pour maximiser les revenus qui amène les divisions les plus rentables à utiliser les réseaux de distribution pour vendre leurs produits sans que le responsable clientèle puisse s’interroger sur le risque supporté in fine par l’emprunteur (qu’il soit institutionnel, entreprise, collectivité locale ou particulier), car il met en cause le modèle de développement du groupe ;
- Les rémunérations excessivement disparates entre le banquier de détail et le banquier d’affaires qui crée une défiance/suspicion à l’intérieur même des banques cassant de fait « l’affectio societatis » au sein de l’établissement, créant de réelles disparités au sein des établissements;
- Le choix de stratégies optimisant les résultats de la banque et privilégiant de ce fait les plus rentables pour augmenter les fonds propres, rémunérer les équipes qui génèrent ces profits et maximiser le rendement pour l’actionnaire (ou le détenteur de stock options…), ce qui a amené de nombreuses banques à donner un poids beaucoup trop important aux activités les plus rentables et donc les plus risquées !
Entendons
nous bien, notre propos n’est pas de supprimer les banques de marché et de
financement qui ont su développer des produits innovants pour répondre à une
gestion des risques de plus en plus sophistiquée. Il s’agit de recréer des
environnements homogènes en termes de performance financière, de rémunération
des équipes et de risques associés.
A
chacun, actionnaire, salarié, ou client de choisir la banque qui convient le
mieux à ce qu’il recherche, les établissements les plus rémunérateurs étant de
fait les plus risqués et donc pouvant faire faillite.
Dans
tous les pays, les actionnaires peuvent demander en Assemblée Générale de
modifier les statuts pour séparer les métiers. Sauront-ils prendre leurs
responsabilités ?
Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors
Investisseur et Actionnaire