La société PERNOD RICARD vient de présenter en Assemblée Générale une
résolution « Say on Pay » première société à faire voter une telle
résolution après l’accord passé entre l’AFEP/MEDEF et le gouvernement français
qui a finalement décidé de ne pas légiférer sur ce sujet
« sensible ».
La société PUBLICIS avait été la première à proposer au vote cette
année une résolution sur le « Say on Pay », et ce, avant la décision
du gouvernement français sur ce sujet.
Sur un plan purement « politique », saluons cette première
étape qui permet enfin aux actionnaires de se « réapproprier » ce
sujet sensible alors que les Conseils d’Administration ne considéraient pas que
ce sujet relevait de l’Assemblée Générale des actionnaires.
Sur un plan plus « gouvernance », il est dommage que les
grandes entreprises et le gouvernement n’aient pas proposé des mesures
semblables à celles qui existent au Royaume Uni ou à celles qui entrent en
vigueur en Suisse.
Comment justifier, après ces années de défiance qui ont amené beaucoup
d’actionnaires à ne pas comprendre pourquoi ils n’avaient pas le droit de
s’exprimer sur ce sujet, que ce vote ne soit que consultatif et n’entraine
aucune conséquence pour la décision ? Les actionnaires de Safran ont
exprimé à la majorité des présents en 2012 leur refus sur l’indemnité de départ
du PDG et le conseil d’Administration considère qu’il n’y a pas lieu de
remettre en cause cet accord…
Comment justifier que les rémunérations variables soient données au
dirigeant sans droit de regard des actionnaires alors même qu’en Suisse
l’accord préalable des actionnaires est nécessaire pour ce faire ?
Depuis de nombreuses années les sociétés en commandite (y compris les
cotées) et les SARL ont l’obligation de soumettre au vote des actionnaires les
rémunérations des gérants. Et cela se passe sans problème même s'il peut y
avoir des discussions dans certains cas « extrêmes ».
La France devrait montrer l’exemple et ne pas craindre une fronde des
actionnaires, comme si ces derniers n’étaient pas capables de valider des
rémunérations élevées quand le résultat est là. Et c’est peut être là que le
bât blesse car qui dit rémunération variable, implique que la rémunération
puisse être nulle en cas de mauvaise performance. Et malheureusement, bien peu
d’entreprises osent aller jusque là, la partie variable de la performance
devenant de facto une rémunération fixe…
Espérons que ce ne soit
qu’une première étape, mais que de temps perdu et de malentendus accumulés
alors qu’il aurait été beaucoup plus simple d’aller directement à la solution
retenue par nos voisins.
Olivier de Guerre
Président de PhiTrust Active Investors