Alors
que les marchés semblent totalement perturbés par une volatilité sans
précédent, nous avons quatre propositions simples (et iconoclastes !) pour
remettre de la cohérence et de la transparence dans les marchés :
1.
Les Banques Centrales devraient être
les seuls actionnaires des places de marché :
Le
rôle central joué par les places de marché et la nécessité de coter les
instruments financiers pour plus de transparence nous oblige à considérer qu’elles ne
devraient pas dépendre du secteur privé mais bien de banques centrales pour que
leur seule préoccupation soit la
transparence des opérations et le développement de centres opérationnels
indépendants des acteurs de marché eux-mêmes pour assurer un contrôle et un
suivi des transactions réalisées.
L’exemple de Nyse-Euronext qui déplace son centre informatique à Londres
pour faciliter le trading à haute fréquence montre que leur préoccupation première
est le développement des volumes de transaction et donc des revenus pour
générer un résultat opérationnel élevé, alors qu’elle devrait se focaliser sur
la sécurisation et la transparence des opérations réalisées. Les régulateurs
auraient certainement un impact beaucoup plus important (transparence,
sécurisation des transactions… ) si les places de marché dépendaient des
banques centrales et si l’ensemble des transactions devaient y être débouclées.
2.
L’interdiction du trading à haute
fréquence
Alors
que le nombre de transactions est de plus en plus élevé, les statistiques
laissent pantois les investisseurs que
nous sommes : 70% de la liquidité du marché serait assuré par ces
transactions à haute fréquence et plus de 90% des ordres seraient
annulés ! En d’autre temps
l’annulation quasi systématique d’ordre quand le marché ne bouge pas comme
anticipé s’appelait de la manipulation
de cours … Tous les vieux boursiers se rappellent des confrères
condamnés ou poursuivis pour des délits mineurs
comparés à la volatilité engendrée par ces opérations liées à une modélisation
mathématique sophistiquée où l’homme a bien peu de responsabilité ; et ne
parlons pas des erreurs qui ont amené à interrompre momentanément le marché car
les ordres n’étaient plus contrôlés.... Les résultats engendrés par le trading haute
fréquence dans les quelques banques disposant de l’infrastructure
intellectuelle et informatique pour ce faire montrent clairement une
dissymétrie et une asymétrie qu’il est urgent
de supprimer en interdisant ce genre de pratiques hautement néfaste pour
la liquidité du marché ou les entreprises recherchent des investisseurs de long terme.
3.
L’interdiction du prêt / emprunt de
titres
Alors
même que les entreprises se plaignent de ne plus connaitre leurs investisseurs
car ils ont prêtés leur titres à d’autres investisseurs, combien
d’investisseurs savent que leurs titres
ont été prêtés ? Cette non transparence des établissements
dépositaires n’a jamais été remise en
cause par les banques… et pour cause ! La multiplication des produits
sophistiqués et complexes est principalement basée sur le prêt de titres quand
celui-ci ne permet pas une manipulation de marché. Une interdiction totale du
prêt de titres aurait le mérite de limiter la prolifération de produits
complexes qu’aucune équipe ne maitrise réellement sur le long terme et de
rendre à l’investissement en actions une légitimité qu’il a perdu depuis
longtemps.
4.
L’interdiction des « Crédit
default swaps »
Ces
instruments de couverture n’en ont aujourd’hui que le nom … et créent des
positions hors bilan dont bien peu de banquiers/ assureurs connaissent les
risques sous jacents aujourd’hui…( Demandez à un banquier ou assureur la taille
de son hors bilan et les méthodes utilisées pour le valoriser… vous seriez
étonnés de la réponse que nous avons eu !). Mais comme ces produits génèrent
de confortables revenus à court terme pour les équipes les fabriquant, bien peu de banques ont le courage d’ arrêter
ces activités qui leur permettent de compenser les pertes qu’elles doivent
assumer par ailleurs.
Qu’attendons nous de
demander ces modifications urgentes en tant qu’investisseur de long
terme ?
Une vraie prise de
conscience des investisseurs nous parait être urgente pour créer un vrai
mouvement de fond qui amène les régulateurs, banquiers centraux et hommes
politiques à oser prendre les queslques mesures que beaucoup d’investisseurs et
banquiers appelent de leur vœu pour redonner à la finance et à la banque ses
lettres de noblesse pour redonner
confiance aux investisseurs.
Olivier de Guerre
PhiTrust Active Investors
olivier.deguerre@phitrust.com