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30 octobre 2015

Renault-Nissan: Could the separation of powers be a topic of discussion at last?


Following a vote by a meeting of Renault shareholders to introduce double voting rights, the media have echoed the state of dissension on Renault’s board of directors not to mention the tense discussions between the French government and Renault-Nissan CEO Carlos Ghosn. The comments made reflect the determination of Nissan and independent members of Renault’s board to ‘rebalance’ the cross-shareholding arrangement between Renault and Nissan if the government acquires double voting rights subsequent to its acquisition of an increased stake at Renault this year with a view to gaining such rights.

Even Emmanuel Macron, French Minister of the Economy, has made reference to the fact that ‘management was not the shareholder’, acknowledging publicly the risk of a significant shift in governance at Renault-Nissan. It is true that the governance structure in question is bewildering at best: Renault holds 43.4% of shareholders’ equity and voting rights in Nissan, while Nissan has a 15% stake in Renault without voting rights. Senior management at Renault have been asserting for years that Renault does not control Nissan and that the two are separate entities with a single CEO (a claim Renault has used to justify withholding Mr Ghosn’s salary information at Nissan until finally announcing plans to reveal details on the heels of a report from France’s AMF).


Mr Ghosn is indeed CEO of both Renault and Nissan, wielding all powers including within the Alliance (in the Netherlands), and the rotation of putative successors (departures of Carlos Tavares and his counterpart at Nissan) demonstrates clearly that he intends to stay on as sole director of the two corporations. This is hardly news in so far as when he was appointed chairman of Renault, assuming the position held by Louis Schweitzer, he became ‘Chairman of the Board’, a title not frequently used in France but clearly indicative of his state of mind.

The group’s size and the structure and alliance of the two corporations should lead their boards to provide for separation of powers with boards of directors headed by non-executive chairmen responsible for running their respective boards and overseeing senior management’s implementation of strategy. Management of shareholders is up to the board and chairman, hence the shareholder relationship between Renault and Nissan.

The mishmash of current approaches between operational (the Alliance) and main shareholder at Nissan (Renault) generates the confusion raised by Mr Macron between the board, which is supposed to represent shareholders, and the directors responsible for implementing the alliance strategy between the two corporations. This also does not address the issue of who will follow in Mr Ghosn’s footsteps, the succession process made all the more complicated by his role as head of two ‘independent’ companies.

Current discussions are logically focused on 2018, when Mr Ghosn will likely seek another term as CEO. The risks for both entities are very real in the event of failure by shareholders to renew his mandate or even his death or inability to govern (an unfortunate occurrence that has befallen numerous company heads). These are all valid reasons for calling on the board of Renault to adopt a new governance structure so that stakeholders can look forward to the future rather than fearing it.

The complexity of the legal framework between the two corporations (notably the arrangement between the Alliance and a Dutch foundation holding authority to prevent either company from seeking to take over the other) clearly does not leave much manoeuvring room in this confrontation arising from the long-time centralisation of power in the hands of one director... and this is clearly the issue underlying current discussions.


Olivier de Guerre 
PhiTrust


Renault/Nissan: et si le sujet était finalement celui de la séparation de pouvoirs ?


Suite au vote par l'Assemblée Générale de Renault de l'introduction des droits de vote double, la presse s'est faite l'écho d'une dissension au sein du Conseil d'administration de Renault voire de discussions tendues entre l'Etat Français et Carlos Ghosn PDG de Renault-Nissan. Les commentaires font état de la volonté de Nissan et des membres indépendants du Conseil d'administration de Renault de « rééquilibrer » les participations croisées entre Renault et Nissan si l'Etat venait à disposer de ses droits de vote double, compte tenu de sa montée au capital cette année pour que les droits de vote double soient mis en place chez Renault.

M. Macron a lui-même évoqué le fait que « la direction n'était pas l'actionnaire », mettant en cause  publiquement le risque d'une dérive de la gouvernance chez Renault-Nissan. Il est vrai que cette gouvernance est à tout le moins déroutante : Renault possède 43,4% du capital et des droits de vote de Nissan, Nissan étant à 15% dans le capital de Renault sans avoir de droit de vote. Depuis des années la direction générale de Renault nous répète que Renault ne contrôle pas Nissan et que ce sont deux entités séparées avec le même PDG (ce qui a justifié que Renault ne publie pas le salaire de Carlos Ghosn chez Nissan... avant de s'y résoudre très récemment suite à un rapport de l'AMF en France).

De fait Carlos Ghosn est PDG chez Renault et PDG chez Nissan, exerçant tous les pouvoirs y compris au sein de l'Alliance (aux Pays Bas) et la valse des successeurs putatifs (départ de C. Tavares puis de son homologue chez Nissan), montre bien qu'il entend rester le seul dirigeant des deux sociétés. Ce n'est d'ailleurs pas nouveau car lors de sa nomination comme directeur général chez Renault Louis Schweitzer étant Président, il avait pris le nom de « Président de la direction», plutôt inhabituel en France mais bien symptomatique d'un état d'esprit...

La taille du groupe, la structure des deux sociétés et de leur alliance commune devrait en fait amener leurs Conseils d'Administration à mettre en place une séparation des pouvoirs avec des Conseils d'Administration présidés par un Président non exécutif ayant pour rôle l'animation du Conseil et le contrôle de la direction générale qui met en œuvre la stratégie. Au Conseil et à son Président la gestion des actionnaires et donc la relation actionnariale entre Renault et Nissan.

Le mélange des genres actuels entre l'opérationnel (l'Alliance) et le principal actionnaire chez Nissan (Renault) nous amène à la confusion soulevée par Emmanuel Macron ministre français de l'Economie,  entre le Conseil qui est censé représenter les actionnaires et les dirigeants chargés de mettre en ouvre la stratégie d'alliance entre les deux sociétés. Sans parler de la question de la succession de C. Goshn, succession d'autant plus complexe qu'il est PDG de deux sociétés qui sont « indépendantes ».

Car l'enjeu de la discussion actuelle est directement lié à 2018 où Carlos Goshn se présentera probablement pour un nouveau mandat de PDG. Les risques sont très importants pour les deux sociétés en cas de non renouvellement de son mandat par les actionnaires ou en cas de décès accidentel ou incapacité de gouverner (ce qui est arrivé malheureusement à plusieurs dirigeants). Autant de raisons pour exiger du Conseil d'Administration de Renault qu'il mette en place une nouvelle gouvernance qui permette d'envisager l'avenir avec sérénité et non avec crainte.

La complexité du montage juridique entre les deux sociétés (notamment par les clauses de l'Alliance avec une Fondation néerlandaise qui détient la clé pour qu'il n'y ait pas d'OPA d'une société sur l'autre) ne laisse en effet pas beaucoup de marge de manœuvre dans cette confrontation qui nait d'une centralisation du pouvoir entre les mains d'un seul dirigeant depuis de nombreuses années...et c'est bien la question sous-jacente du débat actuel.


Olivier de Guerre
PhiTrust